Le gouvernement souhaite un développement plus rapide des énergies renouvelables. Un projet de loi prévoit d’imposer aux grandes surfaces la couverture de la moitié de leurs parkings par des ombrières couvertes de panneaux solaires. La mesure représente un investissement de 9 milliards d’euros.
C’est un changement d’échelle à 9 milliards d’euros. Les distributeurs accueillent avec réserve le projet de loi relatif « à l’accélération des énergies renouvelables ». Le texte vise le développement rapide de l’éolien et du photovoltaïque . Il imposerait aux propriétaires de parkings de plus de 2.500 mètres carrés l’installation d’ombrières photovoltaïques sur au moins la moitié de leur superficie. Avec les aéroports, les hypermarchés et les centres commerciaux se situent en première ligne de ce nouveau combat climatique.
Le ministère de la Transition écologique prévoit une concertation avant l’examen par le Parlement. Elle ne sera pas de trop. « En juillet, nous avons répondu à l’appel du gouvernement pour un plan de sobriété qui vise la réduction de 10 % de notre consommation en deux ans. Quelques semaines plus tard, nous découvrons sans aucune concertation ce projet de loi au coût exorbitant », réagit Thierry Cotillard, adhérent Intermarché et président de Perifem, l’association « technique » des grandes surfaces.
Dans trois à cinq ans
« Lors de l’examen de la loi Climat et résilience il y a un an, le gouvernement avait renoncé à une proposition identique », s’étonne Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution. Le coût de la mesure – 20 milliards d’euros pour l’ensemble des parkings concernés, 9 milliards pour le seul commerce – fait tiquer les distributeurs.
La loi Climat portait la même obligation mais elle était limitée aux créations ou rénovations de magasins. Perifem anticipait alors une facture de 400 millions. Le nouveau texte évoque un délai de trois ans pour les parcs de plus de 10.000 mètres carrés et de cinq ans pour ceux de 2.500 à 10.000 mètres carrés.
Entre 90 et 150 millions de mètres carrés passeraient au photovoltaïque, à l’exception de ceux que des arbres ombragent déjà (et rendent inefficaces les panneaux photovoltaïques). Ils produiraient entre 7 à 11 gigawatts. La trajectoire 2028, sur laquelle le gouvernement s’est engagé, suppose un gain de 4 gigawatts par an environ. Avec les terrains dits « délaissés » (les bordures de voies ferrées par exemple), les parkings constituent une bonne partie de la solution ; « un gisement important particulièrement intéressant », écrit l’étude d’impact du projet de loi.
Des sols déjà artificialisés
Les aires de stationnement sont déjà artificialisées – contrairement aux terres agricoles – et les ombrières photovoltaïques n’empêchent pas leur fonctionnement. Les auteurs du texte ne cachent pas le problème constitutionnel que posent « les restrictions du droit de propriété ». Peut-on imposer à un propriétaire de couvrir son parking ? Le gouvernement invoque « l’intérêt général supérieur ».
Plusieurs hypermarchés sont déjà équipés, comme le Leclerc d’Avermes dans l’Allier qui dispose de 22.000 mètres carrés de panneaux. Casino a été pionnier en la matière avec sa filiale GreenYellow qui est partie d’une centrale solaire en 2008 sur la toiture du magasin Jumbo Score à La Réunion et exploite aujourd’hui 520 centrales photovoltaïques. Casino vient de vendre GreenYellow au fonds Ardian pour 600 millions d’euros .
L’expérience prouve qu’un distributeur peut gagner de l’argent avec le photovoltaïque. Dans son étude d’impact, le gouvernement évoque un investissement de 1.200 euros par kilowatt pour un rendement de 102 euros par an. « Le soutien public permet d’assurer une rentabilité normale », indique l’enquête qui suggère aux enseignes de concéder l’installation des ombrières à un fournisseur d’énergie qui revendrait l’électricité et paierait un loyer pour la surface occupée. Une bonne affaire, en sorte !
« A quel prix l’électricité serait-elle achetée », s’interroge Jacques Creyssel ? De fait, le niveau de subvention de l’Etat peut varier. « Les distributeurs doivent déjà supporter 4 milliards d’investissements liés à des mesures en faveur du climat, dont 500 millions pour l’installation de bornes de recharge électriques », rappelle Thierry Cotillard.